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L’hypersensibilité en général est traitée ailleurs sur ce site. Ici, il est question spécifiquement des garçons et des hommes hypersensibles, qui viennent dans mon cabinet tout autant que des femmes hypersensibles (et des femmes et hommes qui ne le sont pas). L’hypersensibilité spécifiquement masculine reste pour beaucoup un non-sujet, et la littérature idoine reste encore maigre. (Mais les choses progressent. On notera par exemple “Fort comme un hypersensible” par Maurice Barthélémy et Charlotte Wils.) L’offre de stages et de conseils, tout comme la présentation du sujet dans les médias, restent encore très centrées sur le versant et le vécu féminins de l’hypersensibilité. L’hypersensibilité féminine est depuis longtemps relativement bien acceptée en société (qu’on regarde pour preuve qui exprime les émotions fortes dans les vieux classiques du cinéma) même si les femmes hypersensibles éprouvent souvent bien des difficultés dans une société qui valorise peu l’hypersensibilité (sauf peut-être dans les métiers artistiques, où une sensibilité exacerbée est un atout). Les hommes hypersensibles rencontrent souvent encore un dédain particulier. La société utilise encore volontiers envers eux des dénigrements comme “lavette” ou “chiffe molle”. Et si l’injonction “sois une femme!” est rare, le fameux “sois un homme!” reste une technique courante pour influer sur le comportement masculin et notamment l’inciter à refouler ses émotions. L‘efficacité de cette technique vient probablement de ce que c’est une menace implicite de faire honte (“tu n’est pas un homme!”). Ce qui rend le vécu plus difficile est que les hypersensibles de tout sexe manquent souvent d’assurance et de confiance en soi. Se positionner en tant que personne plutôt discrète et silencieuse dans le vacarme de la société est donc d’autant plus difficile. On peut finir par se sentir invisible et même superflu(e). Cela peut résulter en un cercle vicieux allant vers la solitude. Et le taux de suicide chez les hommes est un multiple de celui chez les femmes. (Il n’existe pas de statistiques spécifique aux hommes hypersensibles. Mais on peut imaginer que leur part dans les suicides dépasse la moyenne.) Il importe alors d’explorer et de constituer des ressources intérieures et d’être dans un bon contact sincère avec soi-même, pour rester centré sur ses points forts et être moins atteignable aux blessures venues de l’extérieur. Cela s’apprend. Un bon contact avec soi est une composante d‘une confiance en soi et constitue un élément de protection contre l‘anxiété et la dépression. Elaine Aron écrit dans son livre sur les hypersensibles en psychothérapie ("Psychotherapy and the Highly Sensitive Person”, non traduit en français) qu’il n’existe non pas deux, mais quatre sexes - les femmes, les hommes, les femmes hypersensibles et les hommes hypersensibles. Elle explique qu’en termes d’acceptation culturelle, les hommes hypersensibles sont probablement ceux qui rencontrent le plus de difficultés tout en étant les moins entendus. Peu de femmes se rendent compte combien le vécu de ces hommes peut ressembler au leur, et combien cela peut faire de mal à un homme hypersensible lorsque des femmes font montre d’un mépris généralisé pour “les hommes” et les mettent tous dans un même sac. Une difficulté réside dans le fait qu'une haute sensibilité est souvent culturellement associée à la "féminité" - comme s'il fallait abandonner en partie sa propre masculinité, ou même la trahir, pour aller explorer sa sensibilité. Cela provient de ce que les modèles classiques et clichés culturels apparaissent en majorité comme émotionnellement anesthésiés. Le blocage de l'accès à sa vie intérieure permet au héros de faire face aux tâches et aux menaces extérieures sans distraction émotionnelle. Il peut ainsi construire et défendre la cité sans trop se poser de questions. Cela a sans doute été un avantage pour la survie de l'espèce. Sinon la culture n'aurait pas aussi longuement maintenu ces modèles ni dévalorisé ceux qui ne s’y tenaient pas. Mais aujourd'hui, la confusion entre sensibilité et féminité fait partie des programmations mentales à dépasser. Une autre difficulté vient de ce que le discours sur l’hypersensibilité est encore largement dominé par la version féminine du sujet. De nombreux contenus disponibles sur Internet sont rédigés par des femmes travaillant surtout avec des femmes. Or, pour un homme hypersensible, la solution ne consiste pas à essayer de vivre son hypersensibilité comme une femme. Car ce ne serait qu’une autre manière de ne pas vivre sa propre vie de façon authentique, et pourrait causer davantage de problèmes que cela ne résout. Les hommes doivent encore découvrir et créer leurs propres forme d’expression de leur hypersensibilité, se libérer des stéréotypes et vivre une expansion vers un bien plus large spectre expressif et comportemental. Il y a là tout un continent à découvrir. Les hommes ont droit à une vie intérieure tout aussi riche que les femmes et, plutôt que l‘éluder, devraient probablement la revendiquer. Toute émotion est légitime par le simple fait qu’elle existe: elle est un message venu de l’intérieur de l’être. Les hommes hypersensibles pourraient jouer un rôle d‘explorateurs et ouvrir l‘accès à cette diversité intérieure. Car pendant longtemps, la colère était la seule émotion un tant soit peu accordée aux hommes. Par conséquent, l‘expression émotionnelle a longtemps eu tendance à se “déplacer“ vers la colère. La tristesse ou le deuil par exemple est exprimé en fermant les poings, voire en frappant l‘objet le plus proche. Et la joie s‘exprime également par le poing fermé jeté en l‘air dans un geste vaguement guerrier lorsque l‘équipe préférée gagne le match. Il s‘agit maintenant de faire le chemin inverse et de reconquérir la légitimité d‘un vécu et d‘une expressivité émotionnels dans toute sa diversité. Sur le chemin de la réconciliation entre le masculin et le féminin qu'il va bien falloir entreprendre, il pourrait bien incomber aux hommes hypersensibles un rôle de précurseurs. Mais beaucoup ne le savent pas encore. Peut-être même l’homme hypersensible peut-il faire ressortir ce qu’il y a de meilleur dans la femme? La célèbre thérapeute de couples Esther Perel constatait dans un entretien une observation récurrente: lorsqu’elle a affaire à des hommes sensibles qui avaient vécu ou subi des violences dans leur famille d’origine, beaucoup d’entre eux sont coupés de leur énergie masculine. Ils ont été témoins ou victimes des conséquences destructrices de l’agressivité dans sa forme sombre (violence), en ont ressenti de la douleur, fût-ce celle des autres, ressentie par empathie. Ils ne veulent rien avoir à faire avec cela et décident de “ne surtout pas être pareil” plus tard dans la vie. Mais la conséquence est qu’ils se coupent aussi de la face positive de l’énergie d’agression: le dynamisme, l’énergie, la décision, le mouvement ciblé, la persévérance dans l’adversité et sur la durée. (Le mot “agression“ est aujourd’hui à connotation négative, mais étymologiquement, il vient du Latin “ad-gressere“ = “aller vers“.) Ils peuvent au pire devenir le jouet de leur entourage, sans direction personnelle ni entrain, faire entièrement dépendre leur estime de soi de ce que pensent les autres, se résigner peut-être à une relation dans laquelle l’autre a pris le contrôle des affaires ou est une personne hautement narcissique. (La configuration d’une personne hypersensible avec une autre personne narcissique étant fréquente, indépendamment du sexe). Ou leur partenaire finit par en avoir assez d’être la seule des deux à prendre des initiatives et prend ses distances. Ou peut-être un tel homme n’a pas de partenaire du tout, voire se soustrait le plus possible à la réalité et se distrait par les jeux vidéos ou d’autres distractions ou substances. Dans ce cas, il faudra entrer en contact avec son “Ombre”, c.à.d. faire face à ce qui a été refoulé. Car la source de l’énergie vitale perdue de vue, tout comme peut- être le but de sa vie, se trouvent précisément dans la partie du Moi dont ils se sont dissociés (et qu‘ils projettent éventuellement sur d‘autres). Partant, ils sont souvent aussi coupés d’émotions élémentaires et de leur joie de vivre. Ce sont précisément ces parties-là, les plus craintes et peut-être les plus honnies, qu’il faut se réapproprier pour retrouver son énergie propre. On peut bien sûr éviter de chercher des réponses. Mais cela peut vouloir dire qu’on lègue les questions ouvertes à la prochaine génération. Au plus tard lorsque ces hommes ont un fils, la question est posée en quoi ce fils est censé prendre son père en exemple. Ne vaudrait-il pas mieux avoir un père qui donne en exemple une masculinité saine, complète, maîtrisant sa vie, sans violence mais pleine d’énergie? Qui ne cherche pas de solution risque de léguer ses questions à la génération suivante. Au plus tard lorsque ces hommes ont un fils, al question surgit ce que ce fils apprendra ou reproduira de son père. Il est préférable que ce soit une masculinité saine, active, et complète, dépourvue de violence mais néanmoins pleine d‘énergie. Beaucoup de “nouveaux pères“ peuvent être pleins de tendresse et d‘attention pour leurs enfants. Mais faire l‘expérience de cette paternité attentive récolte beaucoup de récompenses immédiates de la part des filles, qui viennent embrasser leur “meilleur papa du monde“. Le cœur réchauffé par ces interactions avec leurs filles, ces pères peuvent paradoxalement négliger leurs fils, avec lesquels les réactions sont plus indiretes. Un meilleur apprentissage de l’accès à vos émotions se fait de préférence dans un espace de sécurité, dans le sens: avec des personnes avec lesquelles vous vous sentez en sécurité et ne devez pas redouter d’être jugé ou accablé de honte. La relation amoureuse (ou ce qui en reste) n’est souvent pas cet espace sûr et libre de jugements. Mieux vaut entreprendre les premiers pas de cet apprentissage avec des amis masculins ou un groupe d’hommes constitué à cette fin, avant de les développer dans la relation amoureuse dans un second temps. Une question importante à vous poser pourrait être: “Puis-je tout dire à cette personne ou ces personnes? Suis-je disposé à leur exposer aussi mes vulnérabilités et mes côtés plus obscurs, sans craindre d’avoir honte ensuite? Si vous avez envie de répondre oui à ces questions, pourquoi ne pas ouvertement convenir avec ces personnes d‘une expérimentation: choisir ensemble de vous ouvrir davantage les uns aux autres dans le groupe, de partager vos vécus, et de vous offrir un feed-back honnête, bienveillant et aussi dépourvu de jugements que possible? Et vous pouvez tenter de mettre ensemble un nom sur les divers ressentis, pour affûter votre perception de votre vie intérieure et votre discernement émotionnel et affectif. Ainsi, ce qui fut un vague grondement sourd dans vos tréfonds révélera peut-être toute une palette de sensations bien différenciables et plus faciles à décoder. Cela peut sembler un peu infantile parfois, comme une sorte d’”alphabétisation émotionnelle”, mais cela ne fait rien. Après tout, vous explorez des choses comme peut-être ni votre père, ni vos grands-pères, ni d’autres ancêtres masculins n’ont peut-être pu ou su explorer. Vous faites œuvre de pionnier. Une choses capitale pour les hommes hypersensibles est de voir un sens dans leur existence, leur but dans la vie. Pourquoi suis-je là? Ils éprouvent souvent un sentiment d’avoir une sorte de “mission”. Et cette “mission” consiste souvent en une certaine façon de se mettre au service des autres ou de l’humanité, ou même d’autres êtres vivants. Les hypersensibles en général ont souvent peu d’intérêt pour les critères “officiels” de succès tels l’argent, le pouvoir et la célébrité. La vie d’un homme hypersensible peut s’avérer difficile et empreinte d’un sentiment de vide lorsque cette voie reste inconnue ou qu’il est trop éloigné de son chemin. Il se laissera peut-être aller, par manque d’un noyau personnel stable et de conscience de sa voir. Comme un voilier qui ne met jamais les voiles. Y a-t-il en vous depuis longtemps un projet, un sentiment d’avoir une mission, quelque chose à accomplire en ce monde? Un coach ou un mentor peut vous aider à les formuler puis à entrer en action. Une fois qu’il a trouvé sa voie et l’emprunte enfin, il peut y trouver épanouissement et gratifications, nonobstant les embûches. Tout cela prend un peu de temps. La patience est une alliée. Et on trouve d’autres alliés par une voie simple: en demandant de l’aide. Il n’y aucun mal, aucune honte à demander de l’aide. Devoir tout régler tout seul est un malentendu courant, mais néanmoins un malentendu. Dans le passé, les hommes étaient membres de communautés et de camaraderies qui s‘offraient volontiers une aide mutuelle. Et je voudrais dire aux garçons et aux jeunes hommes qui vivent mal leur hypersensibilité: les choses s’améliorent avec l’âge, et la sérénité est tout à fait possible. Mais pour cela, il faut entrer en action, et en particulier inventer sa manière très personnelle de vivre son hypersensibilité d’homme ou de garçon. Arrivé à la trentaine, il ne faut plus perdre trop de temps et quitter les fausses pistes et les impasses précédentes, trouver sa propre voie et construire sa vie, une vie conçue en tenant bien compte de sa sensibilité si particulière au lieu de vouloir faire comme si elle n’était pas là. Et en prenant de l‘âge et de la maturité, les femmes apprécient également de plus en plus les qualités d‘un homme hypersensible, surtout si elles ont eu le temps de faire leurs expériences avec des hommes insensibles. A un âge plus avancé, tout reste possible, même si c’est parfois un peu plus laborieux que dans la jeunesse. D’autant qu’il faut alors se pardonner avec la plus grande bienveillance et beaucoup d’auto-empathie les occasions manquées jusque-là sur le chemin. L’avantage de l’âge qui avance, c’est l’expérience: on connaît des raccourcis et voit mieux les faux-semblants. On peut donc avancer vers ses objectifs sans trop de distractions ni se perdre sur des chemins de traverse. Et parce qu‘on a atteint ses propres limites plus d‘une fois, il devient plus facile d‘admettre la vulnérabilité - la sienne propre et celle des autres. Peut-être y a-t-il en vous des choses que vous n’avez jamais dites, parce qu’aucun homme ni aucune femme ne vous a donné l’impression de vouloir ou pouvoir les entendre en étant dans l’acceptation et non dans le jugement. Pourquoi ne pas partager ces idées, prises de conscience et ressentis avec un coach homme qui a traversé des expériences similaires, et qui ne vous jugera pas mais vous accompagnera dans votre recherche de la route à suivre à l’avenir? Peut-être les choses difficiles rencontrées jusque-là pourront-elles prendre une tournure positive? Lire aussi: Coaching pour personnes hypersensibles Le déroulement de votre première séance Contact et rendez-vous Le côté obscur de l’hypersensibílité Page principale

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Ruhige Achtsamkeit im Park von Versailles
L’hypersensibilité en général est traitée ailleurs sur ce site. Ici, il est question spécifiquement des garçons et des hommes hypersensibles, qui viennent dans mon cabinet tout autant que des femmes hypersensibles (et des femmes et hommes qui ne le sont pas). L’hypersensibilité spécifiquement masculine reste pour beaucoup un non- sujet, et la littérature idoine reste encore maigre. (Mais les choses progressent. On notera par exemple “Fort comme un hypersensible” par Maurice Barthélémy et Charlotte Wils.) L’offre de stages et de conseils, tout comme la présentation du sujet dans les médias, restent encore très centrées sur le versant et le vécu féminins de l’hypersensibilité. L’hypersensibilité féminine est depuis longtemps relativement bien acceptée en société (qu’on regarde pour preuve qui exprime les émotions fortes dans les vieux classiques du cinéma) même si les femmes hypersensibles éprouvent souvent bien des difficultés dans une société qui valorise peu l’hypersensibilité (sauf peut-être dans les métiers artistiques, où une sensibilité exacerbée est un atout). Les hommes hypersensibles rencontrent souvent encore un dédain particulier. La société utilise encore volontiers envers eux des dénigrements comme “lavette” ou “chiffe molle”. Et si l’injonction “sois une femme!” est rare, le fameux “sois un homme!” reste une technique courante pour influer sur le comportement masculin et notamment l’inciter à refouler ses émotions. L‘efficacité de cette technique vient probablement de ce que c’est une menace implicite de faire honte (“tu n’est pas un homme!”). Ce qui rend le vécu plus difficile est que les hypersensibles de tout sexe manquent souvent d’assurance et de confiance en soi. Se positionner en tant que personne plutôt discrète et silencieuse dans le vacarme de la société est donc d’autant plus difficile. On peut finir par se sentir invisible et même superflu(e). Cela peut résulter en un cercle vicieux allant vers la solitude. Et le taux de suicide chez les hommes est un multiple de celui chez les femmes. (Il n’existe pas de statistiques spécifique aux hommes hypersensibles. Mais on peut imaginer que leur part dans les suicides dépasse la moyenne.) Il importe alors d’explorer et de constituer des ressources intérieures et d’être dans un bon contact sincère avec soi-même, pour rester centré sur ses points forts et être moins atteignable aux blessures venues de l’extérieur. Cela s’apprend. Un bon contact avec soi est une composante d‘une confiance en soi et constitue un élément de protection contre l‘anxiété et la dépression. Elaine Aron écrit dans son livre sur les hypersensibles en psychothérapie ("Psychotherapy and the Highly Sensitive Person”, non traduit en français) qu’il n’existe non pas deux, mais quatre sexes - les femmes, les hommes, les femmes hypersensibles et les hommes hypersensibles. Elle explique qu’en termes d’acceptation culturelle, les hommes hypersensibles sont probablement ceux qui rencontrent le plus de difficultés tout en étant les moins entendus. Peu de femmes se rendent compte combien le vécu de ces hommes peut ressembler au leur, et combien cela peut faire de mal à un homme hypersensible lorsque des femmes font montre d’un mépris généralisé pour “les hommes” et les mettent tous dans un même sac. Une difficulté réside dans le fait qu'une haute sensibilité est souvent culturellement associée à la "féminité" - comme s'il fallait abandonner en partie sa propre masculinité, ou même la trahir, pour aller explorer sa sensibilité. Cela provient de ce que les modèles classiques et clichés culturels apparaissent en majorité comme émotionnellement anesthésiés. Le blocage de l'accès à sa vie intérieure permet au héros de faire face aux tâches et aux menaces extérieures sans distraction émotionnelle. Il peut ainsi construire et défendre la cité sans trop se poser de questions. Cela a sans doute été un avantage pour la survie de l'espèce. Sinon la culture n'aurait pas aussi longuement maintenu ces modèles ni dévalorisé ceux qui ne s’y tenaient pas. Mais aujourd'hui, la confusion entre sensibilité et féminité fait partie des programmations mentales à dépasser. Une autre difficulté vient de ce que le discours sur l’hypersensibilité est encore largement dominé par la version féminine du sujet. De nombreux contenus disponibles sur Internet sont rédigés par des femmes travaillant surtout avec des femmes. Or, pour un homme hypersensible, la solution ne consiste pas à essayer de vivre son hypersensibilité comme une femme. Car ce ne serait qu’une autre manière de ne pas vivre sa propre vie de façon authentique, et pourrait causer davantage de problèmes que cela ne résout. Les hommes doivent encore découvrir et créer leurs propres forme d’expression de leur hypersensibilité, se libérer des stéréotypes et vivre une expansion vers un bien plus large spectre expressif et comportemental. Il y a là tout un continent à découvrir. Les hommes ont droit à une vie intérieure tout aussi riche que les femmes et, plutôt que l‘éluder, devraient probablement la revendiquer. Toute émotion est légitime par le simple fait qu’elle existe: elle est un message venu de l’intérieur de l’être. Les hommes hypersensibles pourraient jouer un rôle d‘explorateurs et ouvrir l‘accès à cette diversité intérieure. Car pendant longtemps, la colère était la seule émotion un tant soit peu accordée aux hommes. Par conséquent, l‘expression émotionnelle a longtemps eu tendance à se “déplacer“ vers la colère. La tristesse ou le deuil par exemple est exprimé en fermant les poings, voire en frappant l‘objet le plus proche. Et la joie s‘exprime également par le poing fermé jeté en l‘air dans un geste vaguement guerrier lorsque l‘équipe préférée gagne le match. Il s‘agit maintenant de faire le chemin inverse et de reconquérir la légitimité d‘un vécu et d‘une expressivité émotionnels dans toute sa diversité. Sur le chemin de la réconciliation entre le masculin et le féminin qu'il va bien falloir entreprendre, il pourrait bien incomber aux hommes hypersensibles un rôle de précurseurs. Mais beaucoup ne le savent pas encore. Peut-être même l’homme hypersensible peut-il faire ressortir ce qu’il y a de meilleur dans la femme? La célèbre thérapeute de couples Esther Perel constatait dans un entretien une observation récurrente: lorsqu’elle a affaire à des hommes sensibles qui avaient vécu ou subi des violences dans leur famille d’origine, beaucoup d’entre eux sont coupés de leur énergie masculine. Ils ont été témoins ou victimes des conséquences destructrices de l’agressivité dans sa forme sombre (violence), en ont ressenti de la douleur, fût- ce celle des autres, ressentie par empathie. Ils ne veulent rien avoir à faire avec cela et décident de “ne surtout pas être pareil” plus tard dans la vie. Mais la conséquence est qu’ils se coupent aussi de la face positive de l’énergie d’agression: le dynamisme, l’énergie, la décision, le mouvement ciblé, la persévérance dans l’adversité et sur la durée. (Le mot “agression“ est aujourd’hui à connotation négative, mais étymologiquement, il vient du Latin “ad- gressere“ = “aller vers“.) Ils peuvent au pire devenir le jouet de leur entourage, sans direction personnelle ni entrain, faire entièrement dépendre leur estime de soi de ce que pensent les autres, se résigner peut- être à une relation dans laquelle l’autre a pris le contrôle des affaires ou est une personne hautement narcissique. (La configuration d’une personne hypersensible avec une autre personne narcissique étant fréquente, indépendamment du sexe). Ou leur partenaire finit par en avoir assez d’être la seule des deux à prendre des initiatives et prend ses distances. Ou peut-être un tel homme n’a pas de partenaire du tout, voire se soustrait le plus possible à la réalité et se distrait par les jeux vidéos ou d’autres distractions ou substances. Dans ce cas, il faudra entrer en contact avec son “Ombre”, c.à.d. faire face à ce qui a été refoulé. Car la source de l’énergie vitale perdue de vue, tout comme peut-être le but de sa vie, se trouvent précisément dans la partie du Moi dont ils se sont dissociés (et qu‘ils projettent éventuellement sur d‘autres). Partant, ils sont souvent aussi coupés d’émotions élémentaires et de leur joie de vivre. Ce sont précisément ces parties-là, les plus craintes et peut-être les plus honnies, qu’il faut se réapproprier pour retrouver son énergie propre. On peut bien sûr éviter de chercher des réponses. Mais cela peut vouloir dire qu’on lègue les questions ouvertes à la prochaine génération. Au plus tard lorsque ces hommes ont un fils, la question est posée en quoi ce fils est censé prendre son père en exemple. Ne vaudrait-il pas mieux avoir un père qui donne en exemple une masculinité saine, complète, maîtrisant sa vie, sans violence mais pleine d’énergie? Qui ne cherche pas de solution risque de léguer ses questions à la génération suivante. Au plus tard lorsque ces hommes ont un fils, al question surgit ce que ce fils apprendra ou reproduira de son père. Il est préférable que ce soit une masculinité saine, active, et complète, dépourvue de violence mais néanmoins pleine d‘énergie. Beaucoup de “nouveaux pères“ peuvent être pleins de tendresse et d‘attention pour leurs enfants. Mais faire l‘expérience de cette paternité attentive récolte beaucoup de récompenses immédiates de la part des filles, qui viennent embrasser leur “meilleur papa du monde“. Le cœur réchauffé par ces interactions avec leurs filles, ces pères peuvent paradoxalement négliger leurs fils, avec lesquels les réactions sont plus indiretes. Un meilleur apprentissage de l’accès à vos émotions se fait de préférence dans un espace de sécurité, dans le sens: avec des personnes avec lesquelles vous vous sentez en sécurité et ne devez pas redouter d’être jugé ou accablé de honte. La relation amoureuse (ou ce qui en reste) n’est souvent pas cet espace sûr et libre de jugements. Mieux vaut entreprendre les premiers pas de cet apprentissage avec des amis masculins ou un groupe d’hommes constitué à cette fin, avant de les développer dans la relation amoureuse dans un second temps. Une question importante à vous poser pourrait être: “Puis-je tout dire à cette personne ou ces personnes? Suis-je disposé à leur exposer aussi mes vulnérabilités et mes côtés plus obscurs, sans craindre d’avoir honte ensuite? Si vous avez envie de répondre oui à ces questions, pourquoi ne pas ouvertement convenir avec ces personnes d‘une expérimentation: choisir ensemble de vous ouvrir davantage les uns aux autres dans le groupe, de partager vos vécus, et de vous offrir un feed-back honnête, bienveillant et aussi dépourvu de jugements que possible? Et vous pouvez tenter de mettre ensemble un nom sur les divers ressentis, pour affûter votre perception de votre vie intérieure et votre discernement émotionnel et affectif. Ainsi, ce qui fut un vague grondement sourd dans vos tréfonds révélera peut-être toute une palette de sensations bien différenciables et plus faciles à décoder. Cela peut sembler un peu infantile parfois, comme une sorte d’”alphabétisation émotionnelle”, mais cela ne fait rien. Après tout, vous explorez des choses comme peut-être ni votre père, ni vos grands-pères, ni d’autres ancêtres masculins n’ont peut-être pu ou su explorer. Vous faites œuvre de pionnier. Une choses capitale pour les hommes hypersensibles est de voir un sens dans leur existence, leur but dans la vie. Pourquoi suis-je là? Ils éprouvent souvent un sentiment d’avoir une sorte de “mission”. Et cette “mission” consiste souvent en une certaine façon de se mettre au service des autres ou de l’humanité, ou même d’autres êtres vivants. Les hypersensibles en général ont souvent peu d’intérêt pour les critères “officiels” de succès tels l’argent, le pouvoir et la célébrité. La vie d’un homme hypersensible peut s’avérer difficile et empreinte d’un sentiment de vide lorsque cette voie reste inconnue ou qu’il est trop éloigné de son chemin. Il se laissera peut-être aller, par manque d’un noyau personnel stable et de conscience de sa voir. Comme un voilier qui ne met jamais les voiles. Y a-t-il en vous depuis longtemps un projet, un sentiment d’avoir une mission, quelque chose à accomplire en ce monde? Un coach ou un mentor peut vous aider à les formuler puis à entrer en action. Une fois qu’il a trouvé sa voie et l’emprunte enfin, il peut y trouver épanouissement et gratifications, nonobstant les embûches. Tout cela prend un peu de temps. La patience est une alliée. Et on trouve d’autres alliés par une voie simple: en demandant de l’aide. Il n’y aucun mal, aucune honte à demander de l’aide. Devoir tout régler tout seul est un malentendu courant, mais néanmoins un malentendu. Dans le passé, les hommes étaient membres de communautés et de camaraderies qui s‘offraient volontiers une aide mutuelle. Et je voudrais dire aux garçons et aux jeunes hommes qui vivent mal leur hypersensibilité: les choses s’améliorent avec l’âge, et la sérénité est tout à fait possible. Mais pour cela, il faut entrer en action, et en particulier inventer sa manière très personnelle de vivre son hypersensibilité d’homme ou de garçon. Arrivé à la trentaine, il ne faut plus perdre trop de temps et quitter les fausses pistes et les impasses précédentes, trouver sa propre voie et construire sa vie, une vie conçue en tenant bien compte de sa sensibilité si particulière au lieu de vouloir faire comme si elle n’était pas là. Et en prenant de l‘âge et de la maturité, les femmes apprécient également de plus en plus les qualités d‘un homme hypersensible, surtout si elles ont eu le temps de faire leurs expériences avec des hommes insensibles. A un âge plus avancé, tout reste possible, même si c’est parfois un peu plus laborieux que dans la jeunesse. D’autant qu’il faut alors se pardonner avec la plus grande bienveillance et beaucoup d’auto-empathie les occasions manquées jusque-là sur le chemin. L’avantage de l’âge qui avance, c’est l’expérience: on connaît des raccourcis et voit mieux les faux-semblants. On peut donc avancer vers ses objectifs sans trop de distractions ni se perdre sur des chemins de traverse. Et parce qu‘on a atteint ses propres limites plus d‘une fois, il devient plus facile d‘admettre la vulnérabilité - la sienne propre et celle des autres. Peut-être y a-t-il en vous des choses que vous n’avez jamais dites, parce qu’aucun homme ni aucune femme ne vous a donné l’impression de vouloir ou pouvoir les entendre en étant dans l’acceptation et non dans le jugement. Pourquoi ne pas partager ces idées, prises de conscience et ressentis avec un coach homme qui a traversé des expériences similaires, et qui ne vous jugera pas mais vous accompagnera dans votre recherche de la route à suivre à l’avenir? Peut-être les choses difficiles rencontrées jusque-là pourront-elles prendre une tournure positive? Lire aussi: Coaching pour personnes hypersensibles Le déroulement de votre première séance Contact et rendez-vous Le côté obscur de l’hypersensibílité Page principale

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